Treceți la conținutul principal

Comment les écrivains français gagnent leur vie

Amélie Nothomb (Audrey Cerdan/Rue89).
Sujet tabou entre tous, le train de vie des grandes plumes françaises reste un secret bien gardé par les grandes maisons de Saint-Germain-des-Prés. En tout, les écrivains vivant de leurs livres ne sont pas plus de cent cinquante. Une bourse éminemment volatile que nous avons décryptée comme une course cycliste, avec ses stars et ses porteurs d’eau.

Les règles de la course aux à-valoir
 
Lorsqu’il signe un contrat avec une maison d’édition, un auteur est rémunéré de deux façons : il perçoit d’abord un « à-valoir » sur les droits d’auteur, somme calculée en fonction de sa notoriété, du sujet, de l’audience espérée par l’éditeur. Ensuite, il percevra, un an après la sortie du livre, les droits, soit un pourcentage du prix hors taxe. Le contrat de base, en littérature générale, est le « 8/10/12 » : 8% pour un premier palier de 0 à X exemplaires, 10% de X à Y exemplaires et 12% au-delà. Le contrat devient un « 10/12/14 » quand l’auteur est une star… ou un gros transfert. Le X et le Y variant en fonction de la notoriété de l’auteur et des ventes des livres précédents.

Exemple avec Faïza Guène : le contrat signé avec Hachette Littératures est un « 10/12/14 » depuis son premier livre. La jeune romancière touche 10% entre 0 et 10 000 exemplaires vendus, 12% jusqu’à 20 000, et 14% au-delà.

Entre son premier (« Kiffe kiffe demain », 2004) et son troisième roman (« Les Gens du Balto », 2008), son à-valoir a triplé.

L’à-valoir est un chiffre reconnu comme très réaliste, puisqu’il est calé sur les chiffres de ventes des livres précédents et sur le potentiel du nouveau livre. « Une évaluation qui est la plus saine possible », note-t-on chez Flammarion avant de préciser :
« Ce qui fausse tout, c’est lorsqu’il y a transfert d’un auteur. Car l’à-valoir augmente alors de 30 ou 50%, mais n’est plus calé sur le potentiel de l’auteur. »
Comme sur les grosses transactions du mercato, il faut aussi rembourser le coût du transfert.


L’échappée belle

En avant du peloton, ils sont une douzaine d’auteurs -jamais plus de quinze- à pouvoir prétendre à des à-valoir oscillant entre 1 et 2 millions d’euros par livre. Sans compter la variable de négociation des droits (étrangers, audiovisuels) qui peuvent générer des revenus supplémentaires.

Les qualités indispensables pour en faire partie

Anna Gavalda (Audrey Cerdan/Rue89). 

A ce prix-là, il faut avoir derrière soi plusieurs best-sellers (au-delà de 100 000 exemplaires), une vraie régularité dans la production (un livre par an ou tous les deux ans) et dans la qualité des œuvres. Sans oublier ce petit plus de la médiatisation assumée qui fait d’un écrivain un véritable auteur à succès : être râleur, paranoïaque ou passionné d’ufologie...

Ce petit club est réservé à des auteurs professionnels, dont c’est, en général, l’unique activité.


La romancière Fred Vargas à Rue89 (Maé Faure). 

La plupart sont des quadras, ayant réussi à créer un style à la fois très personnel et populaire, autour de thèmes qui font écho dans la société.

En résumé, il faut être à la fois original et consensuel. La plupart de ces auteurs ont des agents littéraires pour négocier leur contrat.

Pour les plus gros succès, il faut ajouter à cela les droits générés par les reventes à l’étranger et, en cas d’adaptation au cinéma ou à la télévision, les droits audiovisuels. Ainsi, Jean-Christophe Grangé est-il passé de 2 millions de francs en 1998 pour « Le Vol des cigognes » à 1 millions d’euros pour « L’Empire des loups » en 2003 (source CNC). Tout cela est soumis à impôt et à cotisations sociales (6% des droits perçus).


Marc Lévy (Audrey Cerdan/Rue89). 

La short list

L’échappée se compose aujourd’hui d’Anna Gavalda, Fred Vargas et Amélie Nothomb pour les femmes. Avec Christian Jacq, Jean d’Ormesson, Marc Lévy, Michel Houellebecq, Bernard Weber et Jean-Christophe Grangé pour les hommes.

Frédéric Beigbeder flirte avec ce groupe, mais n’a pas été assez régulier pour l’intégrer. D’après les Echos, Guillaume Musso n’en serait plus très loin.

Le peloton

A quelques longueurs, voici le peloton : quelques dizaines d’auteurs, jusqu’à une centaine dans les périodes fastes. Ils se voient gratifiés d’à-valoir évoluant entre 150 000 et 250 000 euros. Selon l’avocat Emmanuel Pierrat, spécialisé dans la propriété intellectuelle et écrivain à ses heures :

« Il faut y inclure tout ceux qui ont eu leur heure de gloire, un gros prix littéraire ou un vrai best-seller et puis qui sont retombés à un étiage moyen. »
« Etiage moyen » signifie des tirages oscillant entre 10 000 et 100 000 exemplaires.

Les qualités indispensables pour en faire partie

Avoir une vraie plume (ou pas) et/ou être capable d’une grande originalité dans le traitement du sujet. En fait, beaucoup d’écrivains sont l’homme (ou la femme) d’un seul livre. Certains se contentent de répéter la même recette, d’autres appliquent la tambouille marketing, efficace mais pas forcément emballante. Certains aussi s’attaquent à des sujets plus sélectifs, moins grand public. Beaucoup ont une autre activité liée à l’écriture : nègre, journaliste, ou universitaire.

Les classements intermédiaires

Quoiqu’il en soit, dans l’ensemble du peloton, 98% des auteurs publiés ont un autre métier. En France, cette seconde source de revenus est elle-même liée à l’écriture (nègre, traducteur, éditeur) ou à la sphère intellectuelle (journaliste, professeur), voire diplomatique (Jean-Christophe Rufin, Yasmina Khadra). Souvent, ces revenus sont les plus importants et vont faire augmenter la « valeur » de la demande.
Par exemple, un journaliste/écrivain people, devenu people grâce aux médias, fera augmenter ses à-valoirs grâce à sa valeur médiatique, plus que par sa valeur littéraire et son potentiel de ventes. Il y a aussi les écrivains qui deviennent « critiques », une fois qu’ils ont acquis quelque notoriété avec leurs livres. On vient leur demander des articles un tant soit peu en rapport avec ce qu’ils ont publié. C’est ainsi que, en fonction de sa légitimité et quel que soit le chemin effectué, un écrivain devient « quelqu’un qui connaît le sujet » (François Bégaudeau, Daniel Picouly).

Autres spécialistes des classements par points, les écrivains « de genre ». Spécialement ceux qui œuvrent dans le polar (Dan Franck). Ils sont très courtisés par les productions pour devenir scénaristes : Tito Topin, auteur de plusieurs romans, est ainsi devenu le « père » de Navarro, avant une grosse colère contre TF1 à la fin de l’exploitation du personnage -dont il avait gardé les droits. Le triomphe des séries « à saisons » coïncide avec l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs : Franck « La Chambre des morts » Thilliez, va ainsi s’essayer à l’écriture d« une grosse série télévisée, avec d’autres écrivains de genre.


Guillaume Musso (Audrey Cerdan/Rue89). 

Les nouveaux et les habitués

Dans cette catégorie, on peut distinguer deux types d’auteurs. Les vieux routiers, connaissant toutes les ficelles du métier : Régine Desforges, Max Gallo, Patrick Rambaud, Irène Frain, Tahar Ben Jelloun, Jean-Christophe Rufin... Liste ecclectique qui ne reflète en rien les qualités (ou défauts) littéraires des uns et des autres.

Et les jeunes prometteurs, en quête de carrière : Guillaume Musso en parfait représentant de la génération “je-sais-faire-un-bon-livre”.

La cohorte des excellents anonymes

Ici s’ouvre la longue liste des auteurs obtenant des à-valoir inférieurs à 100 000 euros, mais supérieurs à 20 000 euros. Une pléiade (quelques centaines) qui parvient à draîner un large public. Ils ont l’habitude de publier : des livres pratiques, des livres de jeunesse, mais aussi des romanciers réguliers ayant conquis au fil des années un public restreint mais fidèle. A chaque publication, ils parviennent à écouler quelques dizaines de milliers d’exemplaires, avec des livres ayant une durée de vie plus longue que la moyenne.

Les qualités indispensables pour en faire partie

Faire simple, plutôt court et concret… qualités nécessaires pour les livres dit pratiques. A l’inverse, si l’on prétend à la fiction, la méthode inverse est applicable : faire long, complexe et abstrait. Pas de recette miracle donc, mais la volonté de publier le plus régulièrement possible pour satisfaire ses aficionados.

Le patchwork des auteurs

Le dessinateur Zep (Audrey Cerdan). 

Dans cette catégorie, vous trouverez de parfaits inconnus : qui peut citer un auteur de roman de gare sans regarder son kiosque ? Ou alors de vraies vedettes, snobées par les grandes maisons rassemblées autour de la place de l’Odéon. Sans oublier désormais des auteurs de BD qui ont su drainer, au fil des albums, un large public.

Zep, dessinateur, fut en 2006 le plus gros vendeur en librairie avec un tirage de 1,8 million d’exemplaires pour le onzième tome des aventures de Titeuf.

L’autobus

Dans le langage des suiveurs, l’autobus, c’est le groupes des sans-grades qui se rassemblent au pied du col, pour être sûr de ne pas terminer la course hors-délais. La fourchette des à-valoir varie de 2000 à 10 000 euros. Ici, on trouve les fatigués, les plagiaires et les exigeants. Le long cortège de ceux qui refusent tout compromis avec le genre, l’écriture ou le sujet. “La bérézina”, lance Emmanuel Pierrat, ironique, ajoutant que l’autobus regroupe “des milliers d’auteurs”. Parfois très bons, mais évoluant dans un secteur en crise. A l’image de l’excellent écrivain qu’est notre blogueur Francis Mizio, moins enthousiaste sur l’évolution de l’économie du métier :
“Les à-valoir se sont effondrés ces cinq dernières années. Avant, une série noire chez Gallimard, c’était 5000 euros, pour un tirage moyen de 5 à 6000 exemplaires. Aujourd’hui, la moyenne est à 1000 exemplaires. Faites le calcul… Et ne parlons pas de la littérature jeunesse, où les à-valoir ont perdu deux tiers de leur valeur. Le secteur est ultra saturé, donc les ventes sont faibles.”
Cette crise est sans doute aussi la conséquence d’une certaine uniformisation des livres marketés pour le succès.

Les qualités indispensables pour en faire partie

D’abord savoir convaincre un éditeur de vous publier. Faire un livre est toujours un pari risqué pour celui qui accompagne sa conception, sa fabrication et sa diffusion. Il peut être convaincu par :
- une personnalité exceptionnelle (les héros inconnus du quotidien) ;
- une histoire exceptionnelle (un destin hors du commun, un événement historique revisité par un personnage) ;
- un genre exceptionnel (une vraie nouveauté littéraire).
Il y a aussi le coup de foudre, incontrôlable, non pas pour les beaux yeux d’un auteur, mais pour le souffle du récit. Ou le coup de chance.

Une catégorie où il est obligatoire d’avoir un (autre) vrai métier

Dans cette dernière catégorie, vous trouvez de très nombreux journalistes, abonnés aux livres “documents” (la non-fiction, comme disent les éditeurs). Mais aussi des “ghost writers”, des écrivains fantômes, qui prêtent leur plume à ceux qui n’en ont pas. La plupart des livres de témoignages, par exemple, sont écrits par des nègres. Tout comme les brillantes analyses économiques des grands patrons, les biographies des hommes politiques ou les mémoires des artistes. En général, ces gens-là n’ont pas le temps d’écrire. Ils font alors appel aux pros de l’écriture.

Hubert Artus et David Servenay
 
Photo : Les romanciers Amélie Nothomb, Faïza Guène, Anna Gavalda, Marc Lévy, Guillaume Musso et le dessinateur Zep (Audrey Cerdan/Rue89). Fred Vargas à Rue89 (Maé Faure).

sursa 

Postări populare de pe acest blog

Subway Performer Mike Yung - Unchained Melody (23rd Street Viral Sensation)

Degradarea morală a societăţii noastre este la fel de răspândită la vârf pe cât este la bază

TEMA: Revoltele din Marea Britanie David Cameron, Ed Miliband și întreaga noastră clasă politică s-au reunit ieri pentru a-i denunţa pe revoltaţi. Și, firește că aveau dreptate să spună că acţiunile acestor jefuitori, incendiatori și tâlhari sunt demne de dispreţ și criminale, și că poliţia ar trebui să primească mai mult sprijin. Dar toată această manifestare publică a șocului și-a indignării a avut ceva extrem de fals și ipocrit.  Căci deputaţii vorbeau despre teribilele evenimente din cursul săptămânii de parcă n-ar fi avut nimic de-a face cu ei. Eu, unul, nu pot accepta această ipoteză. De fapt, sunt de părere că avalanșa de criminalitate de pe străzile noastre nu poate fi disociată de degradarea morală prezentă în cele mai sus-puse cercuri ale societăţii britanice moderne. În ultimele două decenii, am asistat la un declin înspăimântător al standardelor morale în rândul elitei britanice și la apariţia unei culturi aproape universale a egoismului și a lăcomiei.

Casa Share, proiectul comunității online care schimbă vieți

Zeci de familii din România trăiesc în condiții inumane, fără căldură, lumină sau chiar fără mâncare. În multe județe din zona Moldovei (considerate județele cele mai sărace din țară) mii de copii își fac temele la lumina lumânării și dorm înghesuiți cu frații și surorile. Un ieșean s-a decis, din dorința de a face bine, să schimbe viața celor mai puțin fericiți. Bogdan Tănasă (foto) își dedică o bună parte din timp și resursele sale financiare pentru proiectul Casa Share, pe care l-a dezvoltat în urmă cu patru ani. Persoanele inimoase care fac parte din comunitatea online salvează oamenii sărmani. Casa Share a fost modalitatea prin care 20 de familii – în total 110 copii – au început să trăiască altfel. Am stat de vorbă cu Bogdan Tănasă care mi-a povestit despre proiect, despre implicarea oamenilor, ceea ce-l motivează și despre cum arată acum viața celor pe care i-a ajutat. continuarea articolului la editiadedimineata.ro   scrisă de Manuela Dinu